EDITO : Et si finalement « 20 minutes » avait (un peu) raison !
L’objet du délit : ICI
Publié ce matin dans la version papier du journal français gratuit « 20 minutes », puis sur internet, un article au titre évocateur : « Catch : Pourquoi ce divertissement est-il le plus stimulant intellectuellement qui soit » a déchainé les passions de la catchosphére !
Quoi, un néophyte a écrit un énième article sur un sujet dont il n’est pas spécialiste ? Une aubaine pour les amateurs de la discipline qui vont pouvoir largement commenter, débattre sur l’utilité d’une telle initiative.
Construit sur la base d’un témoignage d’un psychologue spécialisé vantant les vertus thérapeutiques du catch sur le spectateur, l’article va ensuite à la rencontre de fans…, et ce qui devait arriver arriva ! Le drame, le sacrilège, ils n’ont pas interrogé les bonnes personnes… ! et voilà l’hydre des réseaux sociaux se réveillent.
Quoi, pas de professionnel du catch. Mais pourquoi ? Car tout simplement l’article ne s’intéresse pas au catcheur, mais au public. Celui qui paye, celui qui regarde, celui qui fait que ce business est aussi lucratif (aux USA ou au Japon). Quoi ? Est il impossible d’interroger quelqu’un qui aura un avis, peut être pas le bon, mais un avis quand même.
Eh oui, car il s’agit de ça. Aujourd’hui, il semble impossible de partager, critiquer de façon subjective quelque chose que l’on ne maitrise pas techniquement ou physiquement. Il faut qu’il y ait consensus, qu’il n’y ait pas d’aspérité ! Les professionnelles savent, les autres écoutent !
Alors bien sûr, l’utilisation de mot comme « bébéte et ringard » est légèrement disproportionnée, pour autant ne nous voilons pas la face, le catch comme divertissement est un produit ne faisant que peu appel à l’intellect. Même s’il faut le reconnaitre, le niveau d’anglais des fans est largement meilleur depuis qu’ils regardent la lutte à la TV.
Le catch est une discipline à ranger au même titre qu’un gros blockbuster, une sorte de plaisir immédiat.
Mon discours se place encore une fois, du côté du spectateur, de celui qui le consomme et non pas celui qui le fait. Car le faire devient alors intellectuel.
En effet, les acteurs de cette industrie sont des personnes aguerries au monde de l’entreprise, aux valeurs sociales et économiques et même sportives. Ils sont pour autant minoritaires et donc peu représentatifs à mon sens.
Travaillant dans le monde du divertissement grand public, j’ai aussi cette vision dans mon travail. Nous construisons chaque jour un produit qui sera regardé par prêt de 2 millions de personnes en France. Chaque jour, nous attendons les retours sur le produit de la veille, des téléspectateurs pour adapter notre produit au soir. On écoute notre public, et on l’adapte avec notre vision de professionnel. C’est comme ça que l’industrie marche aujourd’hui.
Faire porter le chapeau aux fans, aux consommateurs, et même aux commentateurs c’est se tirer une balle dans le pied. Je ne savais pas qu’il fallait être Spielberg pour critiquer un film, ou Alain Ducasse pour critiquer la cuisine !
Alors, oui, cet article utilise des poncifs et alors ! Pour ma part je le trouve assez équilibré, présentant pour une fois une caricature pas trop dégradée d’une discipline qu’il faut le dire est assez poussiéreuse en France. Les luttes intestines en sont la preuve et cette affaire aussi !