Reportage en immersion à Los Angeles
Bonjour à tous !
Je suis Thibaud Choplin, et c'est la première fois que j'écris pour Catch-Newz. Certains m'ont déjà lu à l'époque dans « Planète Catch », le magazine mensuel de presse écrite qui était leader sur le marché en France, où j'étais journaliste de 2008 à fin 2011.
Ayant assisté à 5 WrestleMania consécutifs, trois dans le cadre de mon travail (le 25e anniversaire à Houston en 2009, le 26 à Phoenix en 2010 et le 27 à Atlanta en 2011), et les deux suivants, pour le plaisir (WM 28 à Miami et WM 29 à New York), je suis retourné aux États-Unis pour WrestleMania Goes Hollywood.
Comme le disait l'ex-catcheur et commentateur de la WWE Raymond Rougeau, à l'antenne de Canal+ au lendemain de WrestleMania X-Seven à Houston : « WRESTLEMANIA est chose du passé ! ». Il est l'heure de regarder dans le rétroviseur de cette 39e édition. Comment a-t-on vécu ce WrestleMania de l'intérieur ? Quels sont les éléments que vous n'avez pas vu à la télé ? Retour sur ce week-end exceptionnel depuis la Cité des Anges.
Un événement parmi d'autres
Je dois bien l'avouer, pendant plusieurs années, ma passion du catch n'était plus la même. J'ai continué à suivre la WWE, de loin, avec moins de ferveur, mais l'arrivée sur le marché d'une réelle concurrence, ainsi qu'un bouleversement dans la partie créative, m'a redonné l'étincelle. Toute cette grande nouba internationale du catch où se pressent des fans du monde entier m'avait manqué, car je suis et reste, comme nous tous, un fan avant tout. Les billets étaient pris, pour ces deux soirs deWrestleMania au Sofi Stadium de Los Angeles, ainsi pour le Raw du lendemain soir, à la Crypto Arena, qui s’avérera un épisode surprenant.
Si pas mal d'éléments ont changé en dix ans, heureusement, le cœur et l'âme d'un WrestleMania sont restés identiques. Ceux qui connaissent Los Angeles savent à quel point la ville est immense. Lors de mes précédentes expériences de WrestleMania, l’événement semblait très important dans la ville en question, on voyait partout des affiches, des posters à l'effigie des catcheurs fleurissaient aux quatre coins de la ville, que ce soit à Phoenix, Miami ou Houston ou même New York.
L.A. est tellement gigantesque, une mégapole tentaculaire, que WrestleMania en était franchement anecdotique : un événement parmi tant d'autres, presque accessoire, dans cette Cité des Anges qui fourmille d'activités quotidiennes.
Hormis dans l'hyper-centre, ''Downtown'', où était situé le fameux Superstore et la Crypto Arena qui a accueilli SmackDown, le Hall of Fame, et Raw, ainsi qu'aux abords vraiment proches du Sofi Stadium, où l'on voyait effectivement des affiches placardées, rien ne laissait présager dans L.A. que la WWE tenait dans la métropole californienne ce que la WWE a qualifié de son « plus grand WrestleMania de tous les temps. »
Il faut savoir qu'à Los Angeles, tout est grand, les distances sont horriblement longues pour arriver d'un point A à un point B, et la circulation y est une horreur. En ayant ces paramètres en tête, personne ne sera étonné de savoir que de très nombreux fans sont arrivés en retard, que ce soit lors de la première ou de la seconde soirée. Beaucoup de sièges vides au début du show donc, mais les gradins se remplissent bien. Même si ça ne se voyait pas vraiment à l'écran, pas mal de fans ont de ce fait loupé les performances d'Austin Theory et Omos, ces deux mégastars étant placées en opener... (à moins qu'on ne parle de John Cena et de Brock Lesnar ?).
Bonne idée en tout cas de la part de la WWE de démarrer ces deux soirs par la présence immédiate de The Marine et The Beast, qui ont eu le mérite de tout de suite lancer la soirée et nous mettre direct dans l'ambiance.
WrestleMania sur deux soirs : quand y'en a plus, y'en a encore !
Après avoir vécu 5 WrestleMania sur un seul soir, cela paraît un peu bizarre d'y retourner le lendemain. Il y avait un côté unique, où la soirée la plus importante de l'année était un peu comme le Noël des fans de catch, que l'on attendait avec impatience, et son aspect éphémère apportait aussi une touche de magie supplémentaire.
Il est vrai que les WrestleMania devenaient de plus en plus long, entre les éditions 32 et 35, à se demander si la WWE n'organisait pas un concours interne pour repousser ses propres limites... pour caler une carte allant, avec le préshow, jusqu'à seize matchs (!) et pouvant durer 6h avec le préshow, un poil long pour les fans...
J'ignore si ça a un rapport avec le fait d'organiser WrestleMania sur deux soirs, mais jusqu'au jour même du show, il y avait encore de nombreux billets proposés à la revente sur les sites tels que TicketMaster ou StubHub.
Pour celles et ceux qui ne se sont jamais rendu à un pay-per-view (ou PLE comme on dit maintenant) de la WWE, il faut savoir que dans le stade, ça peut paraître évident mais ça surprend toujours la première fois, il n'y a aucun commentaire. Hormis les vivats et les chants des fans, et le bruit des mandales et du ring qui s'affaisse à chaque Body Slam, c'est le néant.
Les éditions précédentes, je me souviens que l'on pouvait acheter une petite oreillette disponible aux différents stands de merchandising qui permettait de suivre les commentaires télévisés en direct. Pas le cas cette année mais en revanche, beaucoup d'endroits pour acheter les derniers T-shirts souvenirs (à 40$ pièce, une belle inflation en dix ans où ils étaient à 30$). Pour les fans les plus modestes, pas de panique, dès la sortie du stade, on trouve des revendeurs à la sauvette vendant les presque mêmes T-shirts non officiels, floqués et imprimés à la va-vite, modèle Wish à 10$.
À noter également que depuis la crise sanitaire, les transactions en liquide n'ont plus lieu, tout s'effectue par carte bancaire. Cela est le cas aux États-Unis dans de plus en plus de lieux, et y compris dans les stades. Pas de panique, la machine à CB fonctionne très bien, et la bière, très chère (19 dollars!!), coule à flots. Les fans qui n'ont pas un budget extensible, massés dans la partie supérieure loin du ring, côtoient les plus riches, flanqués de leurs énormes répliques de ceintures de Champions à 400 dollars pièce.
Night 1 : la première nuit est toujours intense
WrestleMania est imminent, il est l'heure de pénétrer dans cette fosse gigantesque qu'est le Sofi Stadium...
Verra-t-on la nouvelle moustache de Vince McMahon ?
L'Undertaker pointera-t-il le bout de son nez ?
Le Rock viendra-t-il faire coucou ?
Telles sont les questions qu'on se pose avant d'entrer dans l'enceinte.
L'ambiance dans le stade est comme à l'accoutumée : bon enfant, survoltée, et les fans travestis en catcheurs sont partout. La première soirée, j'étais assis à la même rangée qu'une bande de copains déguisés respectivement en Macho Man, Hulk Hogan, Ted DiBiase, Kane et The Undertaker, et leurs tenues étaient au top.
À l'antenne, les feux d'artifice et la pyrotechnie créent un effet visuel et sonore très sympa, mais je vous assure que quand on est dans le stade, situés qui plus est près de la rampe d'entrée des catcheurs, le bruit (et l'odeur, comme disait feu Jacques Chirac) est vraiment très fort et c'est bien plus impressionnant en vrai qu'à la télé. Ça sent le pétard, normal dans un état où le cannabis est légalisé. Le même ressenti s'applique lors de l'entrée de Seth Rollins, où l'on sent réellement la chaleur des flammes.
John Cena est extrêmement aimé des fans, et c'est là que l'on voit que les temps changent. Alors qu'il a toujours été un personnage très clivant, adulé par certains et haï par d'autres, la part des haters de John Cena a sensiblement diminué avec les années. On entend à fond des « Let's Go Cena ! » auxquels répondent timidement quelques « Cena sucks », mais incomparable avec ce qu'on vivait auparavant dans les stades de catch. Au retour de son match, après sa défaite contre le jeune Theory, John remonte lentement la rampe d'entrée et jette ses protège-coudes aux fans massés contre les barrières.
Certains fans profitent du match par équipe ''WrestleMania showcase'' pour faire leur première pause pipi (c'est que la bière, ça fait y aller!), imaginant plus un match bouche-trou qu'autre chose.
L'ensemble du stade est plutôt agréablement surpris par cette rencontre, et les vedettes du match sont Montez Ford (clairement la star du Duo des Street Profits), mais aussi l'équipe Chad Gable & Otis, très appréciés eux aussi. Sur le papier, on s'attendait à de plus fortes réactions devant Braun Strowman ou Ricochet, mais c'est bien The Alpha Academy qui à l'applaudimètre remporte les suffrages.
Les deux soirs, de nombreux problèmes sont à signaler avec l'écran géant qui saute à plusieurs reprises, et qui le 2nd soir connaît même un petit souci de synchronisation, avec une demi-seconde de différé entre l'action sur le ring et ce qui est projeté. Les gradins supérieurs huent régulièrement lorsque l'image disparaissait, entonnant des chants ''Fix the Screen !'' (réparez l'écran !). Quand l'image revient, toute la partie supérieure du stade applaudit à tout rompre, tant et si bien que certains catcheurs, à des moments du match où rien de spécial n'a lieu, doivent se demander ce qu'il se passe.
Un élément me frappe en étant sur place, et qui ne m'avait pas spécialement sauté aux yeux devant les émissions télé, un vent de nostalgie de plus en plus fort souffle sur la planète catch... Toutes les anciennes prises de finition des gloires de l'époque sont de nos jours réutilisées par la nouvelle génération, et les fans en sont particulièrement friands. Évidemment, lorsque Sheamus utilise la prise de soumission Texas Cloverleaf, on ne pense pas forcément tout de suite à Dean Malenko... Mais que ce ce soit le Stunner (Steve Austin) de Kevin Owens , le Sharpshooter (Bret Hart) de Natalya, le Pedigree (Triple H) de Seth Rollins, le Rock Bottom (Dwayne Johnson) ou le Frog Splash (RVD, Eddie Guerrero) de Montez Ford, le Figure-Four Leglock de Charlotte (de son père) ou encore le 1D des Usos (des Dudley Boyz), toutes ces prises sont aujourd'hui adoptées par les Superstars modernes pour le plus grand bonheur de tous.
Sans parler des ''chops'', les atémis qui ont de tout temps généré des ''Wooo'' à la Ric Flair, et de l'entrée de Logan Paul, avec une tyrolienne façon Shawn Michaels à WrestleMania 12, ou le bel hommage de Rey Mysterio rendu à son ami Eddie Guerrero. C'est là qu'on se rend bien compte que l'ère Attitude et plus globalement le passé ont profondément marqué le WWE Universe, et qu'on est heureux de regarder dans le rétroviseur.
Les entrées de Lita et Trish Stratus, icônes féminines de leur époque, confirment cette perception. La Canadienne, engoncée dans sa robe très serrée, a toujours à 47 ans de sérieux arguments de poids : un vrai match d'exhibition. Associées à Becky Lynch, la triplette de bombes a envoyé du lourd, et logiquement remporté leur match. ''The Man'' s'est très bien entourée de ses deux ''Girls'' : avec Lita et Stratus, mais pourtant sans triche, les trois filles ont vaincu. C'est une nouvelle ère pour le catch, où nous sommes passés de Hogan à Logan, tant la Superstar des réseaux sociaux a impressionné dans son match contre Seth Rollins.
Les féministes ont dû s'arracher les cheveux de constater que Charlotte Flair n'a pas défendu sa ceinture dans le dernier match de la soirée, - bravo à elle et à la nouvelle Champion Rhea Ripley pour leur très beau combat – mais la place la plus prestigieuse revenait logiquement à l'histoire qui a captivé les audiences pendant quasiment une année entière, à savoir la Bloodline, les frères Uso et Sami Zayn.
Kevin Owens signait là son deuxième Main Event consécutif à WrestleMania, un an après son match contre ''Stone Cold'' Steve Austin, et c'est une consécration. Lorsqu'ils ont remporté les titres par équipe, Kevin était bouleversé, sincèrement, tout comme l'a été Rhea Ripley en récupérant la ceinture de Charlotte. Un vrai moment d'émotion de Kevin Owens et Sami Zayn partagé par la foule. En somme, une excellente première soirée et un Main Event d'anthologie.
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Night 2 : un finish en eau de boudin
Le dimanche après-midi, sitôt passé le contrôle de vérification des billets, on tombe nez à nez avec le plateau télé installé pour une diffusion en direct sur le WWE Network (Peacock aux USA). Le préshow est l'occasion pour la WWE de meubler avec des intervenants divers, comme au foot, d'anciennes gloires reconverties en consultants, analysent et décortiquent les matchs à venir. Booker T est la star de ce panel, le pauvre Wade Barrett installé à côté de lui ne suscitant guère de réaction. Le Book se retourne et gratifie les fans d'une interaction avec eux, pour leur plus grand plaisir, juste avant le coup d'envoi de la seconde soirée du plus gros show de l'année.
Les fans s'installent tranquillement, même si le show a démarré, et boivent déjà des bières pour certains. Pas mal d'entre eux assistent au spectacle non pas à leurs places attitrées, mais préfèrent déambuler dans les coursives du Sofi Stadium, ou debout devant les rambardes.
La soirée démarre sur les chapeaux de roue, avec le match expéditif de Brock Lesnar face au colosse Omos. Brock en a littéralement plein le dos, et doit s'y reprendre à deux fois pour hisser le géant nigérian et l'envoyer tourbillonner dans un F5 qui le cloue au sol. Après l'insipide match féminin par équipes remporté par Ronda Rousey et Shayna Bazler, un rapide coup de balais est passé sur le ring par un technicien, pour faire place à trois brutes.
Personne ne l'a vu à l'antenne, mais à l'issue de cet excellent match pour le titre Intercontinental, remporté par Gunter (très apprécié du stade), les vieux complices Sheamus et Drew McIntyre, très respectueux de leurs carrières respectives, sont tombés dans les bras l'un de l'autre lors d'une belle accolade tout en symboles.
Du côté des filles, la Championne de Raw fait son entrée accompagnée d'une jeune enfant : aux côtés de Bianca, la petite sourit. Après son splendide match face à la princesse Belair, la challengeuse Asuka est vaincue, mais n'a pas démérité. Son maquillage a coulé et elle en a mis un peu partout, les techniciens avaient bien sûr anticipé et placé un tapis de secours juste avant ce combat qu'ils ont rapidement retiré à l'issue des hostilités féminines.
Alors que cette seconde soirée de WrestleMania a déjà commencé depuis un bon moment, on aperçoit encore les techniciens s'affairer autour du ring, notamment pour installer les échelles et des chaises sous le ring, en prévision du Hell in a Cell Match. Étonnant qu'ils procèdent à cette manœuvre en plein show, mais cela doit être le protocole de la WWE.
Here come's the money ! Le thème de Shane McMahon enthousiasme la foule. Si le fiston du milliardaire Vince est bel et bien ovationné pendant son entrée, les acclamations cèdent rapidement leurs places aux rires mi gênés mi attristés, lorsque Shane O'Mac se tord de douleur, évacué fissa par l'équipe médicale. Les quadriceps, comme certains spectateurs pendant le match à huit femmes, ont lâché. Mention spéciale à Snoop Dogg qui improvise comme un vrai pro, et permet à la foule, à défaut d'avoir The Rock, d'assister à un People's Elbow mémorable.
Le timing est parfait : juste après l'intervention ratée de Shane O'Mac et la victoire expéditive du cousin de Sasha Banks, la cage descend en même temps que le soleil décline sur Los Angeles...
Pendant l'entrée de la Rated R Superstar, avec le retour de la thématique du ''Brood'', clan mythique de l'ère Attitude, les chants ''We Want Gangrel !'' se font entendre dans le Sofi Stadium. Peut-être était-ce une volonté de la WWE de réunir le trio historique, mais la présence de Christian du côté de la concurrente AEW a malheureusement dû empêcher cette démarche. Clin d’œil à son vieux copain, Edge glisse subtilement pendant son match un Unprettier, prise de finition de Christian, ainsi qu'un « con-chair-to » qui aurait pu laisser Finn sur le carreau. Ce n'est pas la chaise mais visiblement une projection d'échelle qui a quelque peu étourdi l'Irlandais.
Après celle de Shane, cette seconde blessure n'est pas passée inaperçue pendant le Hell in a Cell. Sur le moment, personne ne comprend vraiment de quoi il en retourne exactement, mais il y a un moment de flottement, subtilement meublé par Edge qui farfouille sous le ring à la recherche de nouveaux objets. On comprend mieux quand, a posteriori, la photo du crâne du Demon, avec 14 agrafes dans la tête, a fait le tour des réseaux. Edge a, au sens propre, donné du fil à retordre à son adversaire...
Le contraste est saisissant quand, au même moment, grimpe un vendeur de glaces dans les escaliers des travées du stade, et que des fans en surpoids du pays de l'oncle Sam se lèchent goulûment les babines, aspirant leur icecream d'une main et payant avec leur Mastercard souillée de l'autre, vivant leur meilleure vie tandis que Finn Balor traverse littéralement « l'Enfer dans la cage ».
La tension est palpable tout au long du Main Event de cette seconde soirée, car tous les espoirs sont placés en Cody Rhodes pour qu'il détrône enfin Roman Reigns. Quelle désillusion quand, à l'issue d'un pourtant excellent match de plus de trente minutes, alors que Solo Sikoa a été au préalable expulsé des abords du ring par l'arbitre, ce dernier ne revient se mêler à une ultime entourloupe, pour donner un « coup de pouce » à son cousin mais surtout à Cody, qui l'a en travers de la gorge...
Une victoire amère, en demi-teinte pour Roman Reigns, façon Bloodline, à la déloyale, comme d'habitude. Les spectateurs sont choqués, et ne perdent pas de temps pour déguerpir et se ruer hors du Sofi Stadium afin d'éviter autant que possible la cohue et les bouchons. Avec les cent dollars lâchés au parking, les fans de Cody Rhodes n'ont plus que leurs yeux pour pleurer.
Dans moins de 24h, l'émission hebdomadaire Monday Night Raw lancera la nouvelle saison, et tous les espoirs sont permis. Mais demain est une autre histoire...
Le « Superstore », héritier de WrestleMania Axxess
Le lundi, en se promenant à Downtown Los Angeles, l'effervescence commence à monter parmi les fans. La défaite de Cody Rhodes la veille a énormément surpris et déçu pas mal de fans, qui souhaitent obtenir des réponses à Raw.
J'en profite pour aller faire un tour au « Superstore », que la WWE présente comme le plus grand stand de merchandising, situé au Convention Center qui jouxte la salle qui accueille Raw. Ce gigantesque magasin d'objets en tout genre consacrés à l'Univers de la WWE rappelle son ancêtre « WrestleMania Axxess » qui était pendant des années une attraction majeure dans les jours précédant le Grandest Stage of Them All. Certes moins impressionnant que son aîné, le Superstore n'en demeure pas moins une expérience à vivre pour tout fan de catch.
Lors de mes précédentes expériences à Axxess, j'avais pu voir de très nombreux catcheurs qui venaient participer à des séances de dédicaces et surtout à des interviews intéressantes, voire même à des matchs, sur le ring trônant fièrement au beau milieu du salon. Les fans étaient eux aussi conviés à grimper sur le ring pour participer à plusieurs activités notamment des concours d'imitations de Superstar, que j'avais remporté en 2010 en imitant The Rock (la vidéo est encore sur youtube pour ceux que ça intéresse).
Cette année, l'absence de ring, de Superstars, mais toujours des objets de collection impressionnants, telles les tenues portées par les catcheurs, de la robe de Ric Flair à la panoplie de croque-mort du Deadman, en passant par le singlet de Mr. Perfect et les vrais masques de Rey Mysterio, tout – ou presque – y est.
On peut même admirer la célèbre voiture d'Eddie Guerrero, le fameux lowrider, avec lequel il avait effectué son entrée ici même à Los Angeles, lors de WrestleMania 21. À noter la présence d'une belle fresque représentant tous les catcheurs du week-end, dégradée par la visite surprise de Dominik Mysterio et Rhea Ripley ayant, à l'aide de bombes de peintures, apposé des moustaches et des graffitis sur leurs opposants du week-end, Rey Mysterio et Charlotte Flair.
RAW : Time to play the Game !
L'après-midi touche à sa fin en ce lundi, les fans ont effectué leurs emplettes et la Crypto Arena a ouvert ses portes. Raw va bientôt commencer...
Les camions de production de la WWE à l'effigie des catcheurs sont installés à quelques dizaines de mètres de l'ex-Staples Center, des vendeurs de T-shirts fourguent leur marchandise avec des maillots floqués de l'inscription ''Wrestling is Real, People are Fake'' (le catch est réel, les gens sont faux), tandis que la presse locale réalise un sujet avec un vidéaste et une journaliste aux abords du stade.
Les émissions télévisées amènent les cameramen à être placés à certains endroits stratégiques, et certains empiètent sur les sièges des gradins. C'est ce qui nous arrive, la vue de nos places étant obstruée par un technicien tenant une énorme caméra destinée à retransmettre les images en direct sur le USA Network. Par chance, ou par principe de précaution, toute une rangée est libre et nous permet de nous déplacer de quelques mètres, au premier rang de la rambarde supérieure, pour bénéficier d'une superbe vue sur le ring et tout le stade.
L'émission démarre par l'enregistrement de l'émission WWE Main Event, tournée juste avant Raw, avec un match plutôt bon entre Bronson Reed et Dexter Lumis.
17 heures, Pactific Time : Raw démarre à l'heure, diffusée en direct partout aux États-Unis... Quelle bonne surprise de voir débarquer Triple H, lui qui était pour la première fois aux manettes de WrestleMania mais qui n'a pas gratifié les fans de sa présence la veille et l'avant-veille au Sofi Stadium. Clin d’œil de l'Histoire, The Game entre en scène sur la musique « King of Kings », thème hautement symbolique lorsque l'on repense à son entrée ici même, au Staples Center (l'ancien nom de la Crypto Arena), 18 ans plus tôt, dans le Main Event de WrestleMania 21, lors de son match épique face à Batista.
Pour meubler pendant les pauses commerciales, les équipes de la WWE organisent un concours d'imitation du « DX crotch chop », et les fans installés dans le stade sont invités à mimer le geste obscène de D-Generation X. Sitôt repérés par les caméras, ils sont projetés sur l'écran géant, pour leur plus grand plaisir. Il faut bien meubler les nombreuses publicités que compte une émission de trois heures !
Cela ne s'est pas non plus forcément vu à l'écran, mais deux catcheurs sont passés à travers la table des commentateurs, alors qu'il n'y avait qu'une seule table. Dès que Damian Priest a éclaté son compatriote Bad Bunny (quoi d'neuf docteur?) avec un Chokeslam – Priest lui-même et Dominik Mysterio ont été surpris par la force de l'impact – les équipes techniques se sont affairées pour la remettre debout... Avant qu'elle ne soit de nouveau pulvérisée en fin d'émission, grâce à La Bête du Minnesota.
Pour un Raw post-WrestleMania, il faut reconnaître que la foule était particulièrement silencieuse. Peut-être était-ce dû au fait qu'il n'y ait eu que très peu de catch finalement, même pas une demi-heure sur un show de trois heures... Les critiques sur Internet ont d'ailleurs été très vives au lendemain de l'émission, notamment du fait du retour supposé de Vince McMahon aux commandes.
Toujours est-il que dans la salle, on a quand même passé un excellent moment. Un très bon match par équipe entre les nouveaux Champions par équipe et les Street Profits, le retour inattendu de Riddle, vraiment, un bon moment... Jusqu'au main event. J'avais déjà vécu, en 2012, lors du Raw, le retour saisissant de Brock Lesnar après huit ans d'absence, déclenchant les vivats de la foule de Miami, avant qu'il ne s'en prenne à John Cena. Onze ans plus tard, l'Histoire se répète à Los Angeles, avec cette présence inattendue de Brock Lesnar, doublée d'une trahison sur Cody Rhodes suivi d'un passage à tabac de l'ancien Stardust.
À l'annonce du main event, Roman Reigns et Solo Sikoa dans un match par équipe contre Cody Rhodes et Brock Lesnar, les fans se réjouissaient d'un match de The Beast à Raw, ce qui aurait été une première depuis juillet 2002. Il n'en fut rien. La démolition en règle de The American Nightmare a été brutale, inattendue, violente à la fois physiquement et psychologiquement avec ce double doigt d'honneur.
Si les derniers événements tendent à nous emmener vers une rivalité entre Cody Rhodes et Brock Lesnar et probablement un match entre les deux à WrestleMania Backlash, je ne suis pas très optimiste concernant l'avenir du jeune frère de Goldust au sein de la WWE, et vous invite à lire mon analyse au lien suivant sur mon blog voyage.
Un WrestleMania Triplement Historique
Après dix années sans voir de catch ''en vrai'', j'étais aux anges, à L.A. c'est le cas de le dire, d'assister à cette édition historique à plusieurs titres.
D'abord, car il s'agissait du premier WrestleMania sous l'ère Triple H en charge du contrôle créatif – même si tout cela est toujours assez flou et que personne ne connaît le pouvoir réel de Vince McMahon en coulisses.
Ensuite, car il s'agissait de la toute dernière édition d'un WrestleMania appartenant encore à une entreprise « familiale ». Effectivement, dès le lendemain de l’événement, la nouvelle était confirmée : le groupe Endeavor rachetait la WWE pour devenir actionnaire majoritaire à 51%.
Même si cette information était dans l'air et planait depuis quelque temps, on sent néanmoins que WrestleMania a basculé dans un gigantisme assumé, et dans une nouvelle ère davantage commerciale qu'avant. Les publicités intempestives, parfois totalement hors sujet et hors contexte, contrastaient avec le « sérieux » de certains matchs, notamment le Hell in a Cell entre Edge et Finn Balor où les pubs pour le film L'Exorciste ont été copieusement huées. Cela m'a moins dérangé avec le match de Logan Paul, non que je remette en question ses capacités sur le ring, mais à mon sens, les pubs et l'interférence de son comparse youtubeur déguisé en bouteille de la marque Prime collait davantage à l'esprit « influenceur » et à l'image qu'il donne. En revanche, voir une catcheuse déguisée en sandwich à la cannelle pendant le match de Rey Mysterio contre son fils, je n'avais à titre personnel jamais vu ça en cinq précédents à WrestleMania. C'est bien la preuve que tout change et que tout rime de plus en plus avec argent.
Enfin, cette édition de WrestleMania était historique de par le résultat inattendu de son main event le dimanche soir. Toutes les planètes étaient alignées pour que Cody Rhodes l'emporte, le stade entier attendait ce résultat pour enfin consacrer le fils de The American Dream, mais les événements ont tourné à l'avantage de Roman Reigns, plus que jamais indéboulonnable.
J'espère que cet article consacré à cette 39e édition de WrestleMania depuis la Californie vous aura plu autant que j'ai eu plaisir à le vivre, et à vous le décrire. Il est l'heure pour moi de reprendre les routes et ma vie de saltimbanque humoriste. Au plaisir d'échanger avec vous, et vous croiser au détour d'une date de tournée aux quatre coins de France avec mon spectacle « Les ImitaTueurs », en Duo avec Emma Gattuso.
Merci à Antoine pour sa confiance, heureux d'avoir choisi Catch-Newz pour ce compte-rendu. En attendant, prenez soin de vous, et qui sait, je reprendrai peut-être la plume un jour prochain !
Crédit photo : ThibaudChoplin
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