Interview de CM Punk par Alfred Castillo ! La straight-edge superstar est devenu décemment la seule superstar dans l'histoire à avoir gagné en l'espace de 12 mois le titre ECW, le WHC, le titre de champion par équipe et le titre intercontinental en l'espace de 12 mois. Il vient de se qualifier pour le Money in the Bank match.
Dans cette interview, CM Punk nous parle de son année incroyable, de sa vie à la WWE, de l'introduction de Ricky Steamboat au Hall of Fame, du film "the Wrestler" et du début de sa carrière à la fédération Ring of Honor.
Alfonso Castillo : Quelles différences faites-vous entre un house show et un show TV ou un PPV ? Je sais que des gens n'aiment pas les House Shows car il ne s'y passe jamais rien. Mais d'autres préfères ces shows plus intimes, qu'ils n'y a pas de déluge d'effets spéciaux et qu'il y a bien plus de matches. Qu'en pensez-vous ?
C.M. Punk : Je crois que vous avez bien ciblé la chose. Je pense qu'en tant que fan de catch, on ne peut pas comparer avec ce qu'on peut voir à la TV. Tout ce grand spectacle, les feux d'artifices, la musique et l'atmosphere. C'est vraiment impressionnant. Mais quand vous allez à un house show, si vous êtes un fan de catch, vous passerez un meilleur moment, car on s'occupe plus du public. Nous avons la liberté de faire un peu ce que nous voulons. L'ambiance est plus détendue. Moi personnellement, j'ai préfère lutter dans les house shows. Quand on est à la télévision, on y pense. Tout est minuté à la TV et sur les house-shows, on a pas ces contraintes.
AC :J'imagine que vos moments les plus intenses de votre règne de champion était quand vous défendiez votre titre dans les house show. Je me disais à l'époque "ça doit être vraiment intense pour lui". Et il y a eu cette défense de titre dans un match en cage lors du house show au Madison Square Garden? J'ai parlé à Cary Silkin qui m'a dit qu'il était en ringside et que vous êtes venu à sa rencontre et vous l'avez enlacé. Pouvez vous nous en dire un peu plus ?
CMP : Il n'y avait rien de plus incroyable. Quand vous êtes un gosse et que vous regardez du catch, tout le monde sait que lutter au Madison Square Garden est énorme. Je suis originaire de Chicago. Vous saviez, j'en avais rien à faire du Garden. Pour moi, c'est comme le Rosemont Horizon. Alors, catcher là bas était vraiment bien parce que c'était l'arène que je voyais à la TV quand j'étais plus jeune. Mais une fois que vous faites partie du monde du catch, vous réalisez à quel point était importante la renommée du Garden pour les McMahons.
Il y a un vieux dicton qui dit que"le Business va où le Garden va". Le Garden peut propulser un mec vers les sommets ou le bruler à tout jamais. Si on est pas aimé ou au contraire, si on est aimé là-bas, ça peut changer toute une carrière. Alors débuter à la WWE quelques mois après mes débuts et avoir 18.000 personnes qui chantent mon nom après le main-event dans une cage en deux ans, ça me rend fou de joie. J'aime pas trop me la raconter mais quand on regarde tout ça avec le recul, ça me rend fier.
AC : Dans un sens, je crois que les gens vous sous-estiment, pas en ce qui concerne votre habileté ou votre potentiel, mais sur tout ce que vous avez déjà accompli. Je crois que les gens seraient surpris si on faisait le récapitulatif de ce que vous avez déjà fait. Êtes vous d'accord avec ça ?
CMP : Ouais, je suis totalement d'accord. Le fait est que j'ai 30 ans et qu'il y a à peine un an j'étais ECW champion puis j'ai gagné le Money in the Bank à Wrestlemania, je suis devenu champion du monde solo puis par équipe et enfin j'ai été champion intercontinental. Et j'ai gagné un Slammy.
AC : (rires)
CMP : C'était une putain d'année. Pour un mec de 30 ans ? C'est dingue.
AC : Êtes vous inquiet d'avoir la poisse de l'étudiant qui passe en deuxième année ? Après une année comme ça, qu'allez vous faire ? Allez vous poursuivre dans cette voie ?
CMP : Pour moi, je taille ma route. Je ne m'inquiète pas à propos de ce syndrome de l'étudiant de 2ème année (c'est une expression qui veut dire qu'il est facile de percer mais qu'il est difficile de se maintenir au sommet), parce que j'ai encore des choses à faire dans le catch. Je dois encore gagner le Royal Rumble. Je dois encore faire le main event de Wrestlemania. Avant, je considérais que devenir wolrd champion était un but inatteignable pour moi, maintenant, je me dis que tout peut arriver quelque part dans le futur.
AC : Cette tournée s'appelle "The Road to Wrestlemania Tour". Je sais que c'est surtout un appellation marketing mais sentez vous la pression montée pour vous et vos collègues ? Pouvez-vous nous parler de l'atmosphère sur les shows ? Est ce que c'est différent du reste de l'année ?
CMP : Je le pense. C'est comme une équipe qui entre dans les World Series. Tout le monde veut gagner. Tout le monde veut être à Wrestlemania. Alors je pense que tout le monde dort un peu plus et essaie de travailler plus dure. Ça peut paraitre stupide, mais on bronze un peu plus. Tout le monde sent l'intensité montée. Personne ne bosse les house shows à 50%, tout le monde se donne un peu plus pour entrer à Wrestlemania.
AC : Il y a un chose que j'ai noté lors des shows et peut-être même plus lors des house shows, c'est la présence de plus en plus nombreuse d'enfants. Ils ont toujours fait partie du public mais j'ai l'impression qu'ils sont bien plus nombreux que dans les années 80 et 90.
CMP : Ouais, je pense qu'il y a bien plus de gosses qu'avant.
AC : Êtes vous d'accord avec ce changement et qu'est ce que ça a changé dans votre manière de faire ?
CMP : Je pense que c'est très bien comme ça. Je pense que plus il y a d'enfants, plus le show sera meilleur. Les enfants apportent une dynamique différente parce qu'ils regardent des gars comme Rey Mysterio ou John Cena comme des super héros. Et quand ils viennent au show, ils peuvent leur parler et les toucher. La seule chose à faire avec les gamins et de leur montrer que c'est la bataille du bien contre le mal. Et vous huez ou acclamez celui que vous aimez ou n'aimez pas.
AC: Êtes vous heureux de ce changement ? On a tant parler des anti-héros et des limites entre bons et méchants qui ont été effacées... On a l'impression qu'on est revenu en arrière, à l'affrontement du bien et du mal, des babyfaces contre les heels.
CMP : Voilà pourquoi j'aime le catch : chaque public est différent. Chaque ville est différente. Chaque show est différent. Il y a des villes qui adorent Randy Orton, d'autres qui détestent CM Punk. C'est la magie du catch. A chaque show, il faut d'adapter en fonction du public. Ce n'est pas comme un film à succès où tout le monde regarde la même chose. A chaque fois, c'est différent pour toutes les villes où nous nous rendons.
Donc, j'adore m'adapter à tout ça. Ils veulent plus d'actions dures, plus de high-flying, nous pouvons leur offrir. Nous écoutons ce que la foule veut. Si ils veulent des niaiseries ou du carnaval, on peut les donner ça aussi.
AC : Y a-t-il quelque chose d'unique à propos du public de Long Island ? Depuis des années, ils ont la réputation d'être difficiles à contenter, et ils leur arrivent souvent d'acclamer les heels et de huer les faces.
CMP : Oui, c'est leur réputation. Mais pour moi, c'est un challenge. Ils ne sont pas comme du genre à dire "Oh, je vais huer ce mec parce que tout le monde l'aime". Ça, c'est l'attitude de New York. Ils huent et acclament ceux qu'ils veulent. Je me souviens la dernière fois que j'ai lutté ici. J'étais champion et je combattais Batista en PPV.
AC : C'est vrai. Le Great American Bash.
CMP : Je me rappelle de Batista qui disait : "Oh, cette foule me déteste". Et quand il est allé dans l'arène, le public le détestait vraiment. Ils n'aiment pas comme les gens ailleurs. Mais c'était intéressant pour le match parce que j'étais le gamin qui était champion contre le monstre Batista qui était monstrueusement aimé par le reste du pays. J'avais l'impression de jouer à domicile. C'était cool.
AC : J'avais presque oublié ce match et je suis content que vous me le rappeliez. C'est intéressant. C'était votre première défense de titre en PPV. Un gros match pour vous et il a eu lieu devant une foule qui a l'habitude d'apprécier le show à sa manière. Étiez vous nerveux avant d'entrer sur le ring au sujet de la réaction du public ?
CMP : Non. Je ne veux pas jouer aux durs mais il en faut plus pour me rendre nerveux. Je souhaite même être nerveux plus souvent mais je fais ce métier depuis si longtemps que je viens et j'y prends du plaisir. Je crois que parfois, si je suis trop nerveux, je deviendrais trop concentré sur ce que je fais et je n'arriverai pas à apprécier le moment. La foule m'a aidé ce soir là à me concentrer sur le ring et à avoir du bon temps.
AC : Nous n'avons pas eu l'ange de la neige ce jour là.
(Note : snow angel : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/3f/Snow_angel.jpg)
CMP : Non, mais le Garden en a eu un.
AC : Quelle est l'histoire de cet ange de la neige ?
CMP : J'étais sous contrat à l'OVW. On ne m'appeler pas souvent et je ne faisais pas grand chose. Et mon ancienne fédération, Ring of Honor était en concurrence avec la TNA en prenant des gars de leur show. Ils (ROH) avaient un show à Long Island qui devait être génial mais qui a tourné au désastre parce que la TNA avait un PPV et a décidé de reprendre ses gars un jour avant la date prévue. C'était comme si on avait tranché la gorge de la ROH mais c'est ça aussi le monde du catch.
Du coup, je suis allé voir le boss pour demander si je ne pouvais pas aller leur filer un coup de main parce qu'ils allaient se ramasser et gracieusement, c'était vraiment super de sa part, on m'a dit que je pouvais y aller. On n'a pas fait de pub et je n'étais pas prévu sur le DVD quand je suis arrivé. On m'a donné les règles du combat, je suis arrivé sans être annoncé et j'ai lutté. Et c'était comme s'il y avait eu un énorme blizzard et tous les fans avaient le nez dans la neige. Tout le monde est resté pour me voir lutter dans le main event. Alors après, j'ai couru à l'extérieur et j'ai fait des anges de la neige.
Alors, faire des anges de neige est devenu une des choses les plus bizarres de ma carrière. J'en ai fait un à la Ring of Honor parce que c'est marrant de revenir à mes débuts. J'ai trouvé ça vraiment super sympa que les directeurs me laissent y aller. J'ai fait un ange de neige au Garden cette nuit là. J'en ai fait un quand j'étais champion du monde, au Rosemont Horizon, chez moi, à Chicago. Trois anges de neige.
AC : Vous avez parlé de la Ring of Honor. Je ne serai pas professionnel si je ne vous demandais pas ce que vous pensez de cette fédération depuis que vous êtes parti. Ils viennent d'obtenir un accord pour une diffusion à la TV. Ils ont été très présent dans le film "the Wrestler" dont vous faites la promotions. Êtes vous heureux de leur succès ?
CMP : Bien sur. J'ai toujours dit que j'étais né 20 ans trop tard parce que j'aurais été un des gars qui aurait lutté sur tout le territoire. Que je sois champion du monde le WWE ou encore en indy, si j'étais viré demain, je lutterai encore parce que j'adore la lutte. Ça n'a rien à voir avec l'argent ou la célébrité. C'est quelque chose que j'ai voulu faire depuis que je suis tout petit. Et je continuerai toujours à lutter, peu importe l'avenir.
AC : Et ils ont été fier que vous soyez passé par la ROH. J'ai parlé à Cary après votre victoire pour le titre de champion du monde et il m'a dit que c'était un grand moment pour lui et la ROH parce que cela leur a donné confiance et qu'il pouvait y avoir parmi eux des futurs champions du monde. Vous en pensez quoi ? Êtes vous fier d'être sorti de la ROH et d'avoir gagné un titre de champion par la suite ?
CMP : Oui, vraiment. Je suis fier de dire que je suis l'un des gars qui a contribué au succès de la ROH et que maintenant la fédération est plus stable. Quand les temps étaient durs, on a porté la fédération sur notre dos, moi, Samoa Joe, Homicide, Gabe Sapolsky. Et bien sur, il y en a bien d'autre qui vont probablement devenir fou que je ne mentionne pas leur nom. Nous étions le coeur de la fédération. Je suis très fier d'avoir contribuer à la création d'un lieu où des gars bossent et apprennent. Vraiment.
AC : J'ai mentionné que la ROH a participé au film "the Wrestler" et que la WWE aide à promouvoir le film. L'avez vous vu ? Qu'en avez vous pensé ?
CMP : Oui, je l'ai vu deux fois. Et j'adorerais avoir une conversation avec Mickey Rourke sur ce film ainsi qu'une autre avec Bruce Springsteen sur comment on doit sentir le film pour écrire une chanson sur celui-ci. Cette chanson est incroyable. Il y a beaucoup de lutteurs américains qui font ce que nous aimons et quand nous allons sur le ring, nous donnons tout ce que nous avons. J'ai été champion du monde et j'ai été le dernier mec à quitter le bâtiment avec de la glace partout sur le corps. Aucun fan à l'extérieur pour me dire que j'avais fait un bon match. Personne pour les autographes, car il était si tard ! Nous devions aller autre part le soir suivant. Nous devions nous lever tôt pour repartir encore.
C'est comme si il n'y avait pas de repos pour les mauvais gars mais j'adore ça et je ne changerai de job pour rien au monde. Il a écrit une chanson qui a frappé les esprits. Et j'ai adoré tout le film. J'ai catché dans tous les bâtiments qu'il y a dans ce film. Les scènes de vestiaires sont frappantes de réalisme, avec la camaraderie entre les mecs. J'ai fait des choses stupides dans ma carrière qui m'ont parfois éloigné de gens que j'aimais. Le film m'a rappelé des tas de choses.
AC : Le Hall of Fame approche. Ce n'est pas encore officiel mais il existe une rumeur qui dit que Ricky Steamboat va y entrer. Je sais qu'il a eu un rôle important dans votre carrière pendant votre séjour à la ROH. Que pensez vous de cela ?
CMP : Je crois que ça va être génial et j'espère vraiment que ça va arriver cette année parce que Steamboat a un une grande influence sur ma carrière et ma vie. Il était le plus grand babyface de tous les temps pour moi. J'ai travaillé avec lui et j'ai même lutté un peu contre lui. C'est le mec qui, d'après ce dont je me souviens, quand j'ai gagné le titre suprême, est venu me voir et m'a dit "T'as fait un bout de chemin depuis la ROH, hein ?" puis m'a pris dans ses bras.
C'était comme si mon père était là et me disait, "Hey, bon travail". Je n'ai pas ce genre de relation avec mon père. Ricky Steamboat était là pour m'aider et me féliciter. Alors, c'est incroyable mais j'espère que je pourrais à mon tour le prendre dans mes bras et le féliciter de son nouveau statut de hall of famer.
Et Terry Funk, aussi. Terry Funk m'a aussi influencé à travers toute ma carrière. Je connais Terry depuis très longtemps, je l'ai vu lutter de nombreuses fois et j'ai hâte de le voir lui et son frère Dory introduit dans le Hall of Fame.
AC : Et Steve Austin ? Je ne sais pas à quel point vous avez pu le connaitre mais avez vous quelque chose à dire au sujet de sa place dans l'histoire ?
CMP : Sans aucun doute, Austin mérite sa place au Hall of Fame. Il est de l'un de ceux qui ont changé le métier, vous savez. Ce sont les fans qui nous ont dit ce que nous devions faire, mais lui, il a défoncé la porte pour l'ouvrir. Je pensais que Steve Austin était le meilleur lutteur du monde quand il était à la WCW dans le role de Stunning Steve Austin. Puis il est allé à la WWE et ce n'était pas vraiment la même chose parce qu'il était le Million Dollar Champion. Mais une fois qu'il s'est libéré, personne ne lui arrivait à la cheville. Un de mes matches favoris et un match issu de "Clash of the Champions" : Stunning Steve Austin contre Ricky Steamboat. L'art du catch à son summum. Ce match est impressionnant.
AC : Un autre grand lutteur : William Regal. Je l'ai entendu dire des choses bien sur vous en interview disant qu'il avait eu la meilleure période de sa carrière en travaillant avec vous. Qu'en pensez vous ?
CMP : Il est l'un des gars qui a toujours apprécié mon style de lutte. Le catch dur. C'est pour moi le vrai catch. Ma tête est en morceau et mon corps est endolori. Je suis tombé sur la tête. Mais ça peut semblait bizarre, j'ai adoré ça.
Lutter contre un mec comme lui ne m'a pas inquiété par ce qu'on pouvait donner un match hyper athlétique. C'est brutal, c'est violent, c'est différent et c'est ce que j'aime. Nous nous comprenons parfaitement. Il y a une sorte d'alchimie entre nous deux. C'est excitant. Il m'a appris des choses. C'est un bon prof. C'était vraiment super.
AC : Parlons de Wrestlemania. Avez vous une idée de ce que vous ferez lors du PPV ?
CMP: Je crois que rien ne me ferait plus plaisir que de défendre le titre intercontinental. Ce titre a perdu de son prestige et j'aimerai être reconnu comme le mec qui lui a rendu son aura et un prestige à la mesure de ses anciens détenteurs comme Bret Hart, Mr Perfect ou Tito Santana. Quand vous regardez le DVD sur cette ceinture, vous restez bouche bée. Shawn Michaels, Razor Ramon, Ricky Steamboat, Randy Savage. Vous mettez mon nom parmi ces gars. Je veux aussi avoir les matches qu'ils ont eu. Mon match de rêve serait un match contre Rey Mysterio à Wrestlemania pour le titre intercontinental.
Source : NY Newsday.