Dimanche 19 août 2018, Barclays Center, SummerSlam 2018, Braun Strowman vient de détruire Kevin Owens en 1 minute et 56 secondes très précisément. Alors bien sûr « The Monster Among Men » est, en un peu plus de deux ans, devenu une des Superstars les plus populaires du roster. Doté d’un charisme indéniable, Braun Strowman est sans aucun doute le « futur » de la WWE. De l’autre côté Kevin Owens semble faire le chemin inverse. Arrivé dans le roster principal il y a maintenant plus de trois ans, la carrière de Kevin Owens a eu beaucoup de haut et de bas au sein de la WWE mais c’est bien la première fois qu’elle semble bel et bien au point mort.
Retour sur sa carrière
Kevin Owens est la principale raison pour laquelle je suis resté fan de catch aujourd’hui. Son arrivée au printemps 2015 m’a profondément marqué en tant que « wrestling fan ». Je me ré-intéressait tout juste à ce que proposait la WWE et je ne connaissais même pas l’existence de NXT ou encore de la NJPW. Ses débuts dans le roster principal étaient près de la perfection. John Cena organisait alors un « US Open challenge » qui, pendant des mois, proposait parmi les trois heures interminables de RAW des matchs d’une qualité excellente face à des adversaires très diverses. Retenons parmi ceux-ci des combats mémorables notamment contre Cesaro, Sami Zayn ou encore Neville. Ce qui a rendu si spécial les débuts de Kevin Owens est qu’il dénotait complètement de toutes les autres superstars du roster et de toutes celles ayant répondu à l’« Open Challenge ». Il possédait quelque chose de vraiment spécial, déjà sur son apparence, il l’a déjà évoqué par le passé dans de nombreuses interviews : il veut que son physique soit une partie de lui, il veut que ça le rende unique. Que ce soit au niveau de ses vêtements, de sa corpulence ou même de son visage ce qui nous frappe directement est à quel point il nous ressemble, nous « fans de catch » en tant que personnes ayant un physique banal. Parmi les cadors que sont les John Cena, Randy Orton et Roman Reigns et leurs physiques de rêves, Kevin Owens a réellement une carte à jouer. La seconde chose qui m’a tout de suite frappé chez lui est son talent incroyable au micro. Sa manière de parler, sa prestance, bref un charisme naturel.
Venir défier la Superstar qui est à la tête de la fédération depuis plus de 10 ans ne fait que rajouter du prestige à un début qui attirait déjà énormément l’attention. Ce qui va suivre va être encore plus intéressant puisque leur premier affrontement à Elimination Chamber 2015 va se solder par une victoire décisive et « clean as a whistle » de Kevin Owens posant avec le titre NXT. Cette victoire a eu l’effet d’un vrai choc et a prouvé qu’il fallait prendre très au sérieux ce que représentait Kevin Owens. Ce match est encore aujourd’hui l’un des meilleurs de la carrière très fournie de John Cena. Les deux affrontements suivants vont voir John Cena l’emporter, mais l’important était ailleurs. En effet, John Cena a souvent été critiqué ces dernières années pour ne pas avoir « jobber » (perdu) face à des stars montantes qui en aurait bien eu besoin pour gravir les échelons de la WWE. Je ne suis pas d’accord avec ces critiques pour la simple et bonne raison que l’exposition que représente un programme avec John Cena a permis à ces superstars de construire une « plateforme » pour s’exprimer et se faire connaitre du public à grande échelle face à un adversaire qui est peut-être la plus adaptable du 21ème siècle. Surtout au cours de ces 5 dernières années où il a proposé des performances exceptionnelles face à des adversaires tel que Daniel Bryan, Kevin Owens, Cesaro, AJ Styles. Après il y a quand même eu certains cas où l’ego de John Cena a posé problème notamment dans le cas de la Nexus en 2010 pour ne citer que ce gâchis monumental.
La carrière de Kevin Owens va donc s’amorcer et tout au long de la fin d’année 2015 suivre une trajectoire logique et ascendante avec notamment le gain de son premier titre dans le roster principal le Championnat Intercontinental. Il va proposer des prestations de très bonne facture notamment dans un excellent et très sous-estimé Last Man Standing match face à Dean Ambrose au Royal Rumble 2016. Il va peu à peu devenir le visage de la Midcard de Monday Night Raw avec des affrontements autour du championnat Intercontinental qui vont rester parmi les meilleurs de l’année 2016 avec notamment un Fatal 4 Way incroyable à Extreme Rules 2016 face à Cesaro, The Miz et Sami Zayn. Son affrontement face à ce dernier va d’ailleurs, selon moi, être le meilleur match de l’année dans le roster principal. Va ensuite venir, selon moi, le moment qui va (paradoxalement) mettre un frein à la montée en puissance de Kevin Owens : son règne avec le titre Universel. Attention, j’ai été le premier à bondir de ma chaise en voyant Triple H trahir Seth Rollins et « donner » le titre à Kevin Owens mais son règne a été plus que décevant. Le problème majeur étant qu’il n’a jamais été vraiment la star du show. En effet il a toujours été dans l’ombre de Triple H puis de Chris Jericho. La bromance avec ce dernier fonctionnait tout de même très bien et proposait régulièrement des segments et des promos hilarantes mais Kevin Owens restait un champion faible et qu’on ne pouvait pas prendre au sérieux en tant que Main Eventer. Il faut tout de même souligner que dans le ring son travail était toujours de très bonne facture avec notamment des matchs contre Seth Rollins à Hell in a Cell 2016 et contre Roman Reigns au Royal Rumble 2017 tout deux excellents. Il incarnait un peu cette tendance qui se confirme d’année en année où l’on voit de plus en plus d’excellents catcheurs entre les cordes nous proposant des matchs de bien meilleure qualité qu’il y a encore quelques années, mais le problème étant que l’on s’investit de moins en moins dans ces combats car elles n’ont pas le « star power » qu’ont eu les icones les ayant précédées. Cela se voit chez Kevin Owens qui s’est vu être propulsé de la Midcard au titre mondial et au Main Event limite du jour au lendemain sans pouvoir suivre au niveau de la popularité mais aussi, et ceci n’est pas de son ressort, au niveau de la construction de son personnage et de sa crédibilité. Son année 2017 va être vraiment en demi-teinte malgré des programmes avec AJ Styles, Chris Jericho et Shane McMahon entre autres. Un segment excellent avec Vince McMahon est à souligner mais ce qui a débouché a été à l’image de son année : pas mal voire très moyen.
Nous sommes juste après SummerSlam 2018 et Kevin Owens sort de plus de 3 mois de storyline avec Braun Strowman où il n’a cessé d’être humilié, d’être pourchassé, bref d’être le jouet de Braun Strowman. Ce que je trouve très intéressant avec Kevin Owens c’est qu’il a des caractéristiques et des traits de caractère propre à des légendes ayant littéralement changé le business. Commençons par la ressemblance qui me frappe le plus : The Rock. Je veux bien entendre que physiquement ils n’ont rien à voir, mais je ne peux m’empêcher de voir beaucoup de similitudes entre les deux au niveau de leur travail au micro. Peut-être le meilleur « entertainer » de tous les temps, The Rock était surtout connu pour son trashtalking qui a fait de lui le super-hyper-méga giga star qu’il est aujourd’hui. Ce qui manque à Kevin Owens sont les catch-phrases. Ces lines qui font participer le public, qui peuvent réveiller une foule, qui « electrify the people ». Cela peut paraitre anodin mais faire participer le public était l’une des clés de la réussite de l’Attitude Era. Kevin Owens peut faire ce qu’il veut un micro entre les mains : être badass, être drôle, être insupportable : tout. On l’a vu avec John Cena, avec Chris Jericho mais aussi avec Sami Zayn. La seconde icone qui me fait penser à Kevin Owens : Mick Foley. D’une part par rapport à son physique qui transpire la banalité, mais aussi et surtout les risques que le québécois prend dans le ring. Si on réfléchit bien sur l’année qui s’est écoulée Kevin Owens a pris des risques incommensurables. Revenons à Hell in a Cell 2017, Kevin Owens tombe du haut de la cage sur la table des commentateurs, Money In The Bank 2018 : Il passe à travers la table des commentateurs du haut d’une échelle, Extreme Rules 2018 : Il réitère son « bump » de l’an passé à Hell In a Cell en tombant du haut de la cage sur la table des commentateurs. Ces chutes incroyablement dangereuses et franchement pas hyper utile notamment lors de sa rivalité avec Braun Strowman, ne peuvent qu’attirer de la sympathie de la part du public. C’est pour cela que, encore une fois, selon moi il faut que Kevin Owens fasse un face turn.
Le Monday Night Raw du 27 août 2018 va dans ce sens puisqu’après un excellent match contre Seth Rollins pour le titre Intercontinental chez lui au Canada et plus précisément à Toronto, il n’a pris le micro que pour dire les mots suivants : « I Quit ». Mais bien sûr, parce que chez WWE on mise sur la continuité, il revient la semaine suivante pour attaquer Bobby Lashley puis vient-en aide à Braun Strowman pour anéantir le Shield. Ce même Braun Strowman qui l’a torturé et fait de sa vie un enfer pendant plus de 2 mois.
Le futur de Kevin Owens
C’est à partir de là que l’on rentre dans la partie « fantasy booking », tout d’abord je ne pense pas être plus intelligent que les personnes en charge du booking à la WWE, j’expose seulement mon point de vue sur une Superstar que j’affectionne tout particulièrement. Cela fait quasiment 4 ans que Kevin Owens travaille en tant que heel à la WWE. Après cette rivalité qui a été destructrice pour Kevin Owens, il doit repartir de zéro. De plus cela fait quatre ans qu’il travaille en heel mais aussi quatre ans qu’il est quand même souvent acclamé partout où il va. Cependant, « tourner face » ne veut pas dire qu’il doit changer de comportement bien au contraire, à l’image de Steve Austin c’est son comportement en tant que « heel » qu’il l’a amené à devenir la superstar la plus rentable de tous les temps. Il doit garder cette attitude nonchalante accompagnée d’un trashtalking et de promos dont lui seul a le secret. Il doit redevenir crédible aux yeux du public et cela passe par des victoires décisives, car oui les victoires et les défaites doivent normalement signifier quelque chose au sein de la WWE. Cela passe aussi par une prestation très solide lors du Royal Rumble et des Survivor Series par exemple. Être le dernier survivant de son équipe lors d’un Survivor Series match ou faire une prestation excellente lors du Royal Rumble, c’est-à-dire arriver très tôt dans le match puis rester au moins plus de 45 minutes, sont de bons moyens pour s’attirer l’affection du public. Wrestlemania 35 doit être un point clé de la carrière de Kevin Owens.
Je ne vois qu’un seul match qui pourrait vraiment le remettre sur le devant de la scène et lui faire passer un palier significatif : un match contre Sami Zayn. « Best Friends, Bitter Ennemies » ou « Meilleurs Amis, Meilleurs Ennemis » telle est l’histoire racontée entre ces deux catcheurs jusque-là. Auteurs d’affrontements incroyables par le passé ils ne se sont jamais affrontés dans la configuration où Kevin Owens est face et Sami Zayn est heel. On peut facilement imaginer Sami Zayn revenir de blessure environ 1 mois avant Wrestlemania (ce qui est prévu). Il se doit de revenir poignarder son « meilleur ami » dans le dos. Après tout ce ne serait que justice non ? Il pourrait enfin avoir sa revanche sur l’homme qui l’a trahit plus d’une fois. Une nouvelle rivalité entre les deux pourrait être, paradoxalement, novatrice dans le sens où Sami Zayn a prouvé par le passé qu’il a le potentiel pour être un « Bad Guy » fantastique. Là est la clé pour que Kevin Owens redevienne pertinent. Prenons juste exemple sur ce qui se passe à NXT, la rivalité entre Tommaso Ciampa et Johnny Gargano est peut-être la plus travaillée et la plus intéressante de ces dernières années. L’histoire que pourrait raconter Sami Zayn et Kevin Owens a le potentiel pour être d’une qualité semblable voire supérieure si on met ne serait-ce qu’un minimum d’espoir en ces deux superstars possédant un talent dépassant l’entendement.
C’était donc le premier article de ma toute nouvelle chronique : Passé, Présent, Futur concernant un de mes talents préférés : Kevin Owens.
Recommandé pour vous